Le travail de Pierre Toulhoat,

UNE ŒUVRE AUX MULTIPLES SUPPORTS.

« Jusqu’à présent, j’avais toujours pensé que “ Toulhoat “ était un nom de marque, pas celui d’un artiste vivant » : voilà comment s’exprimait le lecteur d’un texte publié en 1997 par la revue ArMen à propos de Pierre Toulhoat, le tout premier article d’importance consacré à cet artiste à la déjà longue carrière. (…) À la parution du texte en question, Pierre Toulhoat approchait les soixante-quinze ans. C’est dire qu’il avait déjà mené à bien l’essentiel de son œuvre, abondante et multiforme. L’étonnement de notre lecteur s’explique aisément : si Pierre Toulhoat est si peu connu, c’est qu’il ne s’est jamais véritablement préoccupé de notoriété, privilégiant le travail. La publicité, ou la « communication », au sens où on l’entend aujourd’hui, n’a jamais été que secondaire à ses yeux. (…) La connaissance de son nom étant inversement proportionnelle à la multitude de ses œuvres visibles çà et là. Car le plus souvent sans en avoir vraiment conscience, chacun côtoie un peu partout en Bretagne des œuvres de Toulhoat. Elles se rencontrent en bien des occurrences, et s’insèrent tout naturellement dans notre vie quotidienne, de façon anonyme, semblant depuis toujours présentes.

Son œuvre s’est déployée, tout au long de sa vie, selon un parcours fait de nécessités et d’opportunités successives et dont on peut se dire, à bien le considérer, qu’il ne serait plus guère possible d’en refaire aujourd’hui un du même genre. La société actuelle ne permet tout simplement plus cette alternance d’apprentissages de base « sur le tas » auprès de petits artisans de quartier, comme auprès d’une manufacture accueillante, avant de partir se perfectionner auprès de maîtres reconnus, et de passer finalement par une grande école. Pour Toulhoat, la fréquentation de ces petits mondes provoqua un enchaînement logique de rencontres heureuses et fécondes, générant parfois de grandes amitiés.

Texte extrait du livre Toulhoat, écrit par Armel Morgant, Coop Breizh, 2007. 

Le Vitrail

C’est par le vitrail que Pierre Toulhoat commence sa carrière d’artiste, d’abord à la galerie Saluden dans le Brest d’après-guerre, puis à Paris dans les ateliers des maîtres verriers Jacques Le Chevallier et Paul Bony. Le plaisir de la narration qui est au centre de son œuvre de Pierre Toulhoat trouve ici son domaine de prédilection. Que le sujet soit religieux, légendaire ou simplement puisé dans le quotidien, le vitrail lui donne l’espace, la dimension nécessaire à sa réalisation.

Le tissu

Une autre aventure créative se profile en la rencontre de Madame Le Minor, qui l’invite à inventer des motifs de tissus. Pierre Toulhoat démontre tout de suite son inventivité par un premier succès jamais démenti, le célèbre foulard Penmarc’h aujourd’hui indissociable du costume bigouden.

« Si l’on considère donc l’ensemble des travaux de Toulhoat, la conclusion s’impose que l’on a affaire en lui à l’un des artistes les plus prolifiques de son temps. L’un des plus discrets aussi, on l’aura compris, et de surcroît l’un des plus originaux par sa manière toute personnelle de repenser et de renouveler, en les retravaillant au gré de son imagination et en les adaptant à son époque, quelques vieux modes d’expression. C’est ce qu’il appelle “faire des enfants à la tradition”.

Armel Morgant, Toulhoat, Coop Breizh, 2007

La Broderie

Auprès des ateliers Le Minor, Pierre Toulhoat conçoit également des cartons servant de support à de grands panneaux et bannières brodés. D’abord religieux, les panneaux brodés se peuplent ensuite de sirènes ou d’oiseaux de Paradis.

La Céramique

Pierre Toulhoat, en rencontrant Victor Lucas – fondateur de la faïencerie Keraluc – entre en céramique dans les années 50. Ses capacités créatrices feront de lui l’un des principaux animateurs de la scène quimpéroise de la faïence, aux côtés de Paul Yvain, Georges Connan ou Jos Le Corre. Chez Keraluc, le sculpteur prend rapidement le dessus sur le simple décorateur et il conçoit nombre de nouvelles formes de bougeoirs, flacons et vases

L'orfèvrerie

Pierre Toulhoat a également créé des pièces uniques d’orfèvrerie religieuse (crosses, croix, calices, anneaux…) à destination d’évêques, d’abbés ou de communautés, en Bretagne ou ailleurs.

« Il me semble que pour moi le bijou est un mode d’expression comme un autre où je me sens à l’aise. Et tailler des médailles, créer des vitraux, des tissus, de l’orfèvrerie relève, en ce qui me concerne, d’une même démarche. »

Pierre Toulhoat

À partir de 1956,

L’ATELIER DE BIJOUX

En parallèle de toutes ces activités artistiques, l’artiste breton Pierre Toulhoat fonde en 1956 la société qui porte son nom, et éditera ses bijoux. Yvonne, son épouse, forte de son expérience commerciale chez Keraluc, en assurera la gestion et la représentation.
Toulhoat devient son propre éditeur, s’équipe en matériel de base, et dépose dans la foulée son poinçon d’orfèvre.  La création de son label octroie du même coup à Toulhoat une totale liberté de création.