©Photographie Jean-Jacques Banide

LE JEU D’ÉCHECS

Dans les années soixante-dix, Pierre Toulhoat conçoit un jeu d’échecs unique en son genre, qui fait le bonheur des collectionneurs.

« (…) Les pièces qu’il a modelées n’ont rien de conventionnel, doivent beaucoup à son humour et ne sont pas de celles que l’on déplace habituellement sur un échiquier. Son roi est représenté d’une façon peu habituelle pour un souverain, jambes croisées. Il est vrai que celui-ci est une de ses vieilles connaissances, puisqu’en lui peut se reconnaître Gradlon. La reine, pour sa part, sortirait du « couvent des oiseaux », réputé pensionnat parisien fréquenté par des jeunes filles de bonne famille. Peut-être mérite-t-il de s’attarder quelque peu devant le cavalier, une pièce dont la conception classique lui paraît sans intérêt. Il a opté ici pour un étrange véhicule hypocéphale à roulettes, ce dont il s’explique : « Il y a plusieurs manières de faire un cheval d’échecs. La plus simple est celle des jeux classiques. On fait une petite tête de cheval de boucherie chevaline et on la met sur un bouchon. Je trouve que ce n’est pas très drôle. Ou bien on fait un cavalier sur un cheval cabré. Là, tu as un grand morceau de bidoche en forme de saucisse : c’est le ventre du cheval. » Son cavalier est donc un « vélocimane à tête hippique » : « Il y a une roue. Il y a un cadre qui est en forme d’arrière-train de cheval. On le ferait en grand, il marcherait. Sauf peut-être dans les virages, où les petites roues viendraient se mettre dans la grande et on perdrait les pédales. » Commentant le personnage en question, casqué et portant moustache à la gauloise, Toulhoat ajoutait que « c’est un peu un hommage à ceux de Verdun. C’est un combattant de 14».

Texte extrait de Toulhoat, l’œuvre de métal, par Armel Morgant, Locus Solus, 2018.

Yves Toulhoat, son fils, édite le jeu d’échec dans une nouvelle présentation en série limitée. Les sujets sont réalisés en bronze à partir de l’assemblage de deux à six éléments différents fondus à cire perdue. Après émerisage, brasure, polissage, les pièces sont recouvertes par galvanoplastie d’une couche fine de métal précieux : ruthénium pour le camp des noirs, palladium pour les blancs. Une patine est appliquée sur les noirs pour en atténuer la brillance. La hauteur des pièces varie de 7 à 15 cm, permettant de les différencier aisément en situation de jeu. Elles trouvent leur place dans un coffret de luxe, gainé extérieur de cuir de mouton, intérieur suédine, avec plateau pliant en marqueterie, cases placage en sycomore et chêne noir.

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©Jean-Jacques Banide

©Photographies Jean-Jacques Banide

« (…) Non je sais pas jouer aux échecs, parce que c’est des jeux compliqués… trop compliqués ! [Pourquoi alors faire un jeu d’échecs ?] Mais parce que c’est très drôle à faire, il y a le roi et la reine, il y a le fou, il y a la tour, tous les bonshommes… Y’a le cavalier… Tout ça c’est très chouette à faire. »

Pierre Toulhoat